Jacques-Philippe Lamoninary, l’étoile du nord
(1707 Maroilles – 1802 Boulogne-sur-Mer)
Qui connaît le violoniste Jacques-Philippe Lamoninary, né à Maroilles en 1707 ? Originaire de l’Avesnois, il effectue la majeure partie de sa carrière à Valenciennes, et décède dans la misère à Boulogne-sur-Mer à l’âge de 95 ans. Nulle part on ne trouve trace d’un éventuel séjour parisien, véritable capitale culturelle européenne à l’époque, avec Londres et Vienne : on ne peut imaginer carrière plus provinciale ! Il n’ignore pourtant pas la plupart des compositeurs italiens en vogue en France vers 1750, et maîtrise parfaitement l’art de l’écriture de la sonate italienne pour deux violons et basse, comme en témoignent ses 3 premiers opus dédiés au Marquis de Cernay (un des premiers entrepreneurs du charbon en France, fondateur de la société houillère de Raismes). Le style fleuri et parfois maniéré de Lamoninary rappelle Giuseppe Tartini, auteur d’une cinquantaine de sonates en trio, mais également de nombreux ouvrages théoriques sur la musique, dont un traité sur l’art de l’ornementation traduit en français duquel Lamoninary a certainement eu connaissance. L’emploi quasiment invariable du Minuetto amoroso en guise de dernier mouvement évoque sans conteste l’influence de Luigi Boccherini ; quant à l’opus 3, plus tourmenté, il n’est pas sans rappeler Veracini ou Geminiani ! On peut ainsi également rattacher Lamoninary à une certaine école de composition française, incluant Dauvergne et Mondonville, dont l’inspiration italienne est clairement établie, mais également Rameau, dont le caractère tendre de certains mouvements lents de ses pièces de clavecin en concert rappellent également le caractère amoroso plébiscité par Lamoninary.